Le mercredi est un jour singulier au SESSAD l’Interlude puisque beaucoup de suivis ont lieu dans les locaux du service, face au bâtiment de l’IME l’Armaillou. La philosophie principale du SESSAD c’est le hors les-murs : s’adapter et surtout se déplacer dans les écoles, dans les familles ou des lieux tiers. Ses professionnels éducatifs et paramédicaux dispensent un accompagnement au plus près de 25 jeunes pour leur donner les armes afin d’évoluer en milieu ordinaire.
Comme depuis cinq ans, la séance hebdomadaire d’Arthur avec Carole, psychomotricienne, s’annonce très rythmée et variée. Chacune s’inscrit dans un cycle de quelques mois, le temps de progresser et d’intégrer le mouvement. Après un tour d’horizon des fonctions de chaque organe pour étancher la curiosité d’Arthur, il est l’heure de se transformer en animal. « Serpent ! », s’écrit Carole. « Ramper est une étape importante du développement psychomoteur avec une dissociation entre le haut et le bas du corps. » Puis, place au parcours. Sauter sur des blocs, dans des cerceaux, monter à l’espalier, imiter une posture : autant d’occasions de travailler l’équilibre, la coordination, la conscience du danger et de réfléchir avant d’agir. Arthur aura bien mérité le temps calme de fin de séance, suspendu dans son hamac.
Mathéo n’aimait ni trop lire ni s’orienter, mais grâce aux trois séances hebdomadaires avec Caroline, orthophoniste, les progrès sont là. En plus de l’intervention dans les locaux du SESSAD, celles à l’école sont l’occasion de rencontrer les enseignants, d’échanger et de partager des outils comme celui construit autour des sons. Aujourd’hui, ils travaillent la compréhension de l’écriture. Mathéo doit lire les consignes puis identifier l’endroit où placer un pion sur la grille. L’esprit des séances varie selon la disponibilité des enfants. En cette fin d’année, le jeu a du succès.
Chaque mercredi à 10 h 30, Bilal, Mathéo et Daymon participent à une séance d’oralité alimentaire avec l’ergothérapeute et l’orthophoniste, l’une des co-animations qui font la richesse du SESSAD. Tous les trois souffrent de sélectivité alimentaire qui complique l’acceptation d’aliments à la texture ou au goût différent. « On propose la même chose de manière différente pour qu’ils l’acceptent comme aliment ami », explique Caroline. Le groupe choisit un menu et prépare le repas en touchant, goûtant et cuisinant à plusieurs pour plus d’émulation. L’activité est l’occasion d’apprendre à manger ensemble, à se tenir à table, à utiliser des couverts… avec le sourire ! Les plats prennent souvent la forme d’un bonhomme, d’objets, d’animaux voire de personnages de dessins animés.
Après le déjeuner, Bilal retrouve Cécile, ergothérapeute. Depuis un an et demi, ils travaillent la coordination manuelle, l’écriture, souvent à partir de créations. La mission d’aujourd’hui est de terminer un cadeau pour la fête des Mères qu’il faudra découper, assembler puis emballer. Dans quelques jours, Bilal participera au projet de transfert avec cinq jeunes n’ayant jamais dormi hors de chez eux. Ils passeront une nuit dans les locaux de l’IME après une visite de préparation des jeunes et de leurs parents pour dissiper les craintes.
Bilal est accompagné comme tous les jeunes par une éducatrice spécialisée, sa référente. « On passe beaucoup par le jeu », confie Anne-Sophie. Celui des castors apprend par exemple la concentration, la planification et apaise l’impulsivité. Ensemble, ils abordent aussi les émotions par du travail entre pairs ou des scénarii sociaux. « On part de situations apportées par l’école, la famille, qui ont posé problème. On décortique, on met du sens, on voit ce qu’il aurait fallu faire. » L’éducatrice amène également de la méthodologie pour les devoirs, des routines et outils pouvant être transmis à l’école ou aux parents.
William retrouve Carole au rez-de-chaussée. Un an et demi de préparation a été nécessaire pour apprendre à se détendre avant d’utiliser la salle Snoezelen dont les jeux de lumière, sons et outils invitent au calme. « Avec William, on travaille beaucoup le toucher et parfois le mouvement. Ce n’est pas directif. On fait des propositions et les séances se passent en fonction du jeune. »
Jérémie fait le point avec Cécile sur la liste de courses. Pour que le groupe « manipulation des ustensiles » prépare les recettes choisies et décomposées la semaine passée, il est indispensable de repérer les ingrédients et de les quantifier. Puis direction le supermarché, seul, pour apprendre à se déplacer dans les rues, manipuler l’argent, trouver les bons produits et oser demander de l’aide si l’un d’eux vient à manquer. À son retour, deux jeunes partent en quête des fruits, accompagnés de Cécile. La deuxième partie peut démarrer. Les jeunes doivent choisir et utiliser les outils adaptés, adopter les bons réflexes et planifier la préparation tout en travaillant le vocabulaire avec Carole. Le meilleur est à venir avec la dégustation des crêpes et du smoothie fraise-banane pour le goûter.
La structure d’intégration neurosensorielle flambante neuve fait le bonheur d’Hamza. « Ces enfants ont besoin de bouger, ont des problèmes de motricité fine, car l’intégration sensorielle ne s’est pas faite dans leur jeunesse », explique Cécile. « En stimulant les sens, l’équilibre, l’intégration se fait petit à petit. » Hamza va notamment se faufiler entre des rouleaux, grimper à une échelle de corde ou encore tournoyer sur une plateforme-balançoire.
Le SESSAD poursuit ses activités pendant les vacances avec des prises en charge plus ludiques par groupe de 5 ou 6 jeunes. Dans le groupe activités sensorielles, on manipule des textures différentes pour surmonter ses craintes. Le groupe déplacement se focalise sur l’autonomie, le respect des règles et la prise en compte de l’environnement. Enfin, la patinoire sert à travailler l’équilibre et le système vestibulaire, autrement qu’en salle de psychomotricité.
Comme dans tout SESSAD, les familles sont écoutées et accompagnées à l’Interlude. Mais le service belleysan va plus loin et propose de la thérapie familiale à laquelle son assistante sociale et sa psychologue sont formées. « Le handicap peut entraîner de la souffrance, un dysfonctionnement dans la famille, des problèmes de communication », explique cette dernière. Après deux entretiens préalables pour recueillir les demandes et cerner les enjeux, les familles volontaires participent tous réunis à des rendez-vous mensuels. L’accompagnement s’inscrit sur un temps long,souvent 2 à 3 ans. En plus d’améliorer la situation au sein de la famille, il apporte un éclairage complémentaire sur le jeune.
Publié le 18/07/24